"
En ces temps d'adversité, nous devons nous serrer les coudes "
(Raymond Barre, ex-baron de l'économie française)
Image forte évoquant les idées
d'union, de travail et de restrictions
nécessaires et justes.
Se serrer les coudes c'est :
1) Renoncer à "
y aller des coudes " pour s'unir
(virilement) au bras de son voisin.
2) Assembler et additionner ce qui est avant tout
un instrumentde lutte contre l'adversité
de la méchante nature
et des pays voisins.
3) Et puis enfin, bien sûr, se serrer la ceinture.
Car il faut savoir sacrifier le pouvoir égoïste
du "
y aller des coudes "
pour qu'unis, ils servent le bonheur de tous.
On ajoutera enfin que tout sacrifice paye
car nous sommes, au final, "
tous dans le même bateau "
Toutes ces belles métaphores reposent sur
de solides et profondes convictions concernant
la nature de l'homme et des sociétés :
a) Que nous sommes tous naturellement et spontanément
des
salopards égoïstes qui ne ne cherchent qu'à niquer, dominer et piller.
b) Qu'une société est une
communauté d'intérêts, à la préservation
de laquelle je trouve mon avantage.
c) Qu'il est donc de mon intérêt (raisonné et de long terme) de sacrifier
parfois mes désirs immédiats aux nécessités de la coexistence commune.
L'image ambigüe du "
se serrer les coudes " mêle ces profondes convictions
à un discours d'une toute autre origine et d'un tout autre temps,
qui chante les vertus et la joie de l'amitié, de la communauté
et de la gratuité.
De là sa grande puissance
Dans l'esprit englué.