Sur Cloaca (2000) de Wim Delvoye

Une image de notre monde

 

 

 

 

 

Machine complexe – issue d’une recherche technologique poussée – qui, en une longue chaîne et par des processus chimiques imitant le cheminement et la transformation des aliments en notre propre corps, à partir des mets les plus raffinés des plus grands restaurants, produit à son issue des étrons ayant l’aspect, l’odeur et la taille de vrais étrons humains. Cloaca = une machine « à faire de la merde ».

 

Quel intérêt ? Enorme effort technologique pour une fin absurde : donne à penser sur les productions contemporaines de la techno-science dynamisées par le profit capitaliste : ne sont-ce donc pas, sous des formes plus affriolantes – tel nouveau portable, telle nouvelle bagnole… -  de semblables étrons ? Et, en effet, il suffit de songer quelques instants au destin de nos biens, de suite consommés puis, de plus en plus rapidement, mis au rebut, devenant ainsi ce que Wim Delvoye nous donne à voir en un très joli raccourci, des déchets, des ordures, pour saisir l’absurdité générale de cette course en avant qui pollue le temps de vie des hommes (travail), leur temps de loisir (consommation) et enfin cette planète autrefois dénommée bleue qui vire, en galopant, vers le noir.